L'église Saint-Martin de Grevilly.
L’église romane datant du premier quart du XIIe siècle est comme ancrée dans le flanc de la colline, un peu à l'écart du village. Elle est orientée, c'est-à-dire que la façade est à l'ouest et le choeur tourné vers l'est, l'orient, le point d'où vient la lumière, symbole de la Résurrection du Christ.
L'église de Grevilly fait partie des 57 églises du diocèse dédiée à saint Martin.
Le site (église, cimetière, mur de pierres sèches) a été classé au titre des Monuments historiques en 1942.
Au sud, a été ajoutée au XIXe une chapelle plafonnée servant de sacristie.
L’église a été restaurée en 1978 à l’intérieur et en 1994 à l’extérieur.
L'intérieur
L'église se compose d’une nef plafonnée, d’une travée sous clocher couverte d’un berceau légèrement brisé, à laquelle fait suite le choeur en abside semi-circulaire un peu plus étroite, voûtée en cul-de-four.
L’intérieur est maçonné en pierres apparentes comportant très peu de décor et d’éléments de mobilier.
La nef est éclairée par une fenêtre à droite semblable à celle, également à droite, dans le choeur qui bénéficie de petites ouvertures en plein cintre ébrasées.
Le mobilier et la statuaire
Dans la nef, à droite de l'arc triomphal, ouverture vers la travée sous clocher et le choeur, une large tablette du XVIe siècle en pierre, enchâssée dans le mur, supporte une statue en bois polychrome de la Vierge couronnée, assise et portant l'Enfant-Jésus sur ses genoux. Cette posture rappelle les statues auvergnates de la Vierge en Majesté.
La tablette est sculptée sur sa partie inférieure d'un animal fabuleux de chaque côté d'un écu portant des armoiries, peut-être celles d'un membre du clergé compte tenu de la présence d'un calice surmonté de l’hostie ?
Dans une niche, une statue représente saint Joseph portant l'Enfant-Jésus, il est identifié par le lys symbole de pureté.
Les neuf stations du Chemin de Croix qui longent la nef sont des lithographies sur papier, récemment restaurées.
Une grille en fer forgé sépare la nef du choeur où l'autel, en bois naturel, est surmonté du tabernacle orné d'une croix.
Les dalles funéraires
Au sol, on remarque plusieurs dalles funéraires :
- dans la nef, celle de Léonard Michalet, prêtre et curé de Grevilly (1697-1775),
- une autre, anonyme, sur laquelle on voit une grande croix fleuronnée, entourée d’un pic et d’une hache,
- à l’extérieur devant le portail, celle de Louis Dahon, écuyer (1660-1740).
Un dicton local
"Pauvre comme le curé de Grevilly qui n’a qu’un calice en buis."
Ce dicton qui a traversé les générations de Grevillons semble bien justifié …
Voici ce qu’on lit dans une supplique adressée par les habitants en 1699 :
"… les trois quarts sont de pauvres veuves ou des journaliers contraints d’aller
gagner toute l’année leur vie à Tournus de quoi payer leurs tailles.
La grêle a emporté plus des deux tiers de la récolte des vins qui sont toujours très petits,
en petite quantité et de mauvaise qualité dans ce lieu, le pays étant extrêmement froid et renfermé dans des bois.
Ce village qui n’est composé que d’une douzaine de feux au plus (…)
à peine il y en a quatre qui ne soient ruinés et les maisons et les granges tombés de part et d’autre.
La moitié des héritages sont incultes et en friches, faute de fourrage pour nourrir les bestiaux
et les servis qui sont excessifs en font abandonner une grande partie".
La Révolution fut fatale pour le culte.
"… La chapelle de Grevilly, abandonnée par l’administration qui devait veiller à sa conservation, tomba dans un état de décadence
tel qu’elle n’était plus que ruine croulante, repaire des bêtes et des oiseaux de nuit …
Le cimetière fut profané et les habitants furent contraints, pour donner à leurs parents la sépulture chrétienne,
de les ensevelir à Cruzille, à 3 ou 4 km de leur village …
Triste et douloureuse nécessité que celle de porter ses morts sur la terre étrangère."
Au milieu du XIXe siècle, de généreux donateurs entreprirent de remettre en état l’église.
Il en fut de même au XXe siècle. Qu’en sera-t-il au XXIe ?
L'extérieur
Le portail de la façade ouest, en plein cintre, sans tympan, s’inscrit dans un avant-corps en très légère saillie que surmonte un larmier en appentis.
Sous le pignon marqué par une petite croix de fer forgé, se trouve un oculus ovale qui éclaire le comble. Deux contreforts longitudinaux
encadrent la façade sur laquelle a été fixée la plaque commémorative des Guerres.
Sur la face sud du clocher carré dominé par une croix, les baies géminées qui ajourent le beffroi reposent sur des colonnettes médianes dont les
bases disposent d’une mouluration gothique.
Les toitures de la nef et de la sacristie ont été refaites récemment en tuiles mécaniques modernes alors que l'abside a conservé sa couverture en lauzes, comme à l’origine.
Dans le cimetière adjacent s’élève une croix de pierre sur laquelle est gravée l’inscription latine "Requiem aeternam Dona eis Domine" ("Seigneur, accorde-leur le repos éternel"), datant de 1872.
Au loin, se profilent l’église romane et le château-fort du site médiéval de Brancion.
"Heureux les affamés et assoiffés
de la justice car ils seront rassasiés."
Luc 6, 13-16.
Bibliographie
- Raymond Oursel: Monographie inédite de Grevilly
Archives de Saône-et-Loire et de la commune.
Présentation réalisée en 2015 par la Pastorale du Tourisme en Saône et Loire. Voir la fiche ICI.