Ce dimanche, nous recevons le témoignage (Évangile de Luc) des marcheurs vers Emmaüs : enfoncés dans leur tristesse, dans leur malheur (leur ami Jésus vient d'être tué, ils l'ont mis au tombeau), leurs yeux sont incapables de voir qui marche avec eux.


3 paquesL'éditorial de notre ami Jean a repris cette rencontre, avec la chanson de Jean Humenry : "Ce serait dommage de se croiser sans se regarder !... se croiser sans se rencontrer !"
Allez relire cette belle méditation ! ('entre nous' sur le site paroissial).
J'ai redécouvert également les peintures de Arcabas qui décrivent de manière extraordinaire, cette rencontre. Il y a Cléophas, un des disciples, mais l'autre, comment s'appelle-t-il ? On n'a pas son nom, nul le sait qui il est...
Ne serait-ce pas nous-même ?!...


Combien n'ai-je pas marché, "les yeux sur mes souliers..." alors que je compagnonnais avec d'autres personnes ? Même en plein confinement, n'avons-nous pas à l'intérieur de nos familles, cheminé ensemble, parlé ensemble, ne sommes-nous pas restés silencieux ensemble ?


Comme nos marcheurs sur le chemin d'Emmaüs, n'avons-nous jamais été préoccupés, au point de ne pas rencontrer en vérité ceux qui marchaient auprès de nous !? "Toi, je te connais, dis-moi : où s'est-on rencontrés ? au bord de quel chemin ? au fond de quel jardin ?" Oui, le deuxième disciple pourrait bien être nous-même !


Comme les disciples qui avaient pour objectif le village d'Emmaüs, nous avons un horizon : le 11 mai. Sans fabuler ni s'enflammer, ce point de repère, nous marchons vers lui, nous y arriverons bientôt. Tout ne sera pas changé, tout ne sera pas chamboulé, mais comme les disciples avaient vécu des heures fortes de partage, de même vivons-nous actuellement des richesses, des temps forts "le cœur tout brûlant". Ce trésor, c'est un signe de la présence de Jésus, car il est vivant, ressuscité. Il marche avec nous sur nos chemins de vie, quels qu'ils soient.


Le prochain jour, aurons-nous le regard assez clair pour nous lever, repartir pour un monde nouveau ? Notre paroisse, avec ses richesses, traverse l'épreuve du confinement avec courage et persévérance (ce sont deux points de repère dans l'Apocalypse de S.Jean) Saurons-nous inventer de nouveaux modes d'"être ensemble" fondés sur cette expérience non prévue ? Saurons-nous imaginer non pas une organisation rentable, fonctionnelle... mais l'accueil d'une Vie qui nous réunit et nous engage ? qui nous rappelle l'essentiel ? qui nous redit un amour souvent oublié et pourtant vital : celui du Père qui compte sur nous pour parfaire la création.

Bernard
Prêtre "sur les coteaux"